Bonne année les chicons !

IMG_5890C’est grâce à l’étourderie de Monsieur Bréziers, jardinier en chef de la société d’horticulture de Bruxelles vers 1850, que l’endive fut créée. En effet quand il découvrit ses chicorées qui ressemblaient à l’origine à de gros pissenlits, oubliées au fond de sa cave, il ne les reconnut pas : leurs feuilles avaient blanchi et s’étaient allongées, leur gout avait presque perdu leur amertume. Et tout le monde en raffola. C’est ainsi qu’il les nomma Witloof (feuille blanche en flamand). Plus tard on perfectionna cette technique dite d’« étiolement » qui consiste à priver la plante de lumière et forcer les feuilles à pousser en hauteur pour chercher la lumière. On ajoute à ce supplice celui de limiter leur espace vital en serrant les endives les unes contre les autres, les feuilles n’en étant que plus savoureuses. A l’’époque, on utilisait aussi les racines séchées et torréfiées comme boisson réconfortante, la chicorée remplaçait le café.

Mais leur culture ne se résume pas à cette dernière étape. Il faut être patient.
En effet, le semis ayant lieu en mai, la première étape consiste à les laisser pousser en pleine terre comme n’importe quelle salade. Puis, lorsque les racines pivotantes sont assez fortes, soit environ 170 jours après, on peut les couper à 3 cm au-dessus du collet. Une fois sèches, on les repiquera en novembre dans de la terre un peu humide ou bien dans des caissettes destinées à la cave ou encore dans des bacs couverts d’un tissu occultant. L’arrosage est très important comme la température tiède qui y règne. La cueillette ou « cassage « peut s’opérer alors au fur et à mesure de la repousse pendant tout l’hiver.

A présent, c’est toujours dans le Nord, où on les nomme « chicons », que leur culture prédomine, le Pas de Calais étant le premier exportateur mondial de cette salade aussi bonne crue, en salade que braisée ou en gratin. Certaines endives de couleur rouge, nommées Trévise ou Vérone sont très prisées chez nos voisins transalpins.

Hélas, l’agriculture hydroponique à fort rendement, c’est à dire hors sol, n’a plus grand-chose à voir avec celle qu’ont connue nos grands-parents.Heureusement, il existe encore une variété que l’on trouve, entre autres, au Potager du Roi qui répond au drôle de nom de « Barbes de Capucin » Poussée librement, même dans l’obscurité, elle garde ses feuilles tortueuses et éparses à l’image de leur origine botanique.

L’année 2019 sera donc une année à barbes.
Vivent les barbes et vivent les barbiers !

Versailles + janvier/février 2019