Allez hop, c’est parti, pour une nouvelle saison de jardinage ! parmi les premiers semis de la saison, c’est toujours par la salade que l’on commence pour les obtenir vertes et bien croquantes au printemps. Et parmi les salades, les laitues ! Plus de quatre cent variétés au catalogue officiel, qui dit mieux ?
Pendant longtemps on s’est contenté de cultiver les variétés du XVII ème siècle, la Quintinie en cultivait déjà vingt-cinq variétés dont « la grosse blonde », « la cocasse », ou « la palatine ». Puis au XIX ème siècle, il y en eut de toutes sortes avec des noms pittoresques comme « la blonde de Cazard », ou « la Batavia reine des glaces », et de toutes les couleurs comme « la rouge grenobloise », « la brune d’hiver » ou « la dorée de printemps » . En 1880, nait une star entre toutes : « la merveille des quatre saisons ».
On peut classer les laitues en trois catégories: la laitue pommée comme la batavia , la plus commune sur nos étals , la laitue romaine avec ses feuilles longues et craquantes ou encore la laitue feuilles de chêne en pomme ouverte avec ses feuilles tendres et fragiles à couper au fur et à mesure des besoins.
Le tour de force pour les laitues au potager repose sur le calendrier des semis. Pour les avoir en continu, les amateurs sèment toutes les trois semaines à partir du 1ermars. Quatre semaines après elles sont prêtes à être repiquées à l’extérieur et enfin six semaines après prêtes à être dégustées . Bien sûr plus elles sont jeunes, plus tendres elles sont .
Au fait, où fait on les semis ? Les jardiniers amateurs les font en extérieur mais sous un abri léger et amovible, comme un tunnel en plastique ou des cloches de protection dans une parcelle bien exposée. En effet une température modérée est nécessaire car la plupart des salades germent entre douze et quinze degrés. C’est à dire en serre, sous châssis, en véranda ou encore dans votre cuisine. Chez la plupart des maraichers, toutes les cultures se feront sous abri depuis le semis jusqu’à la récolte. Et autrefois, quelle était la pratique ?
Lorsque j’ai entrepris mon livre « Jardiniers des villes », j’ai rencontré deux maraichers à la retraite qui m’ont raconté leur jeunesse à l’école d’horticulture du Potager du Roi. Derniers témoins d’une époque révolue, ils aiment cultiver des primeurs dans des châssis nantais. Ces châssis, ou coffres, étaient remplis d’abord de fumier de cheval mêlé à des feuilles , puis couvert de terreau , le tout protégé par des vitres. De ces ilots de chaleur, héritiers des anciennes « couches chaudes», germent des graines de légumes dits « hâtifs ». Fiers de leur production, ils ont gardé l’ardeur de leur métier -et il en faut -pour transporter les brouettes de terreau ou de fumier. C’est aussi pourquoi j’aime tant fréquenter les anciens jardiniers c’est que leur ardeur au travail, alliée à une fine connaissance du monde végétal, est inspirante.