Revenir du verger, avec à la main un panier de prunes à moitié rempli
mais la bouche pleine, ne fait-il pas partie des souvenirs d’enfance de nos grandes vacances ? Jaunes, ou dorées, ou jaunes pigmentées de rouge, ou jaunes à peine verdies, ou encore bleu au reflets mauves, la gamme de couleur des prunes est très subtile.
Depuis l’antiquité, les gourmands de tout âge, comme ici dans le verger de l’abbaye de Port-Royal des champs, grimpent aux branches de pruniers pour cueillir leurs fruits en prenant soin d’éviter la chute qui pourrait être fatale tant pour les grimpeurs que pour les prunes. En effet, ramassées au sol, elles ne se conserveront plus et il faudra alors les déguster le jour même. Mais on oublie souvent que les prunes ont beaucoup voyagé avant d’arriver dans nos vergers français. Certaines proviennent du Caucase, de la Perse septentrionale et ou encore des Balkans. Quant au « pruneau », c’est au moyen âge qu’il fait son apparition. Il fut rapporté par les croisés en 1148. Après une véritable débâcle devant la ville de Damas, où poussaient de nombreux pruniers, les croisés s’en revinrent avec ces fruits, alors inconnus. Faute d’avoir délivré le tombeau du Christ, ils introduisirent les prunes violettes en Europe, les prunes de Damas. On raconta alors qu’ils s’étaient battus… « pour des prunes »!